El Temazcal

Ça y est, ça fait des mois que je l’ai promis et le voici, un article sur le Temazcal. C’est un complément à l’épisode #10 de mon podcast (également dispo sur YouTube et Apple Podcast), mais t’en fait pas, on va reprendre les bases.

Il existe des pratiques qui, au-delà du temps et des cultures, continuent de résonner avec force dans nos corps et nos esprits. Le Temazcal en fait partie. Ce sauna rituel, hérité des peuples mésoaméricains, c’est bien plus qu’un simple bain de vapeur : C’est un retour au ventre de la Terre-Mère et c’est une renaissance. On va commencer par les bases, puis je te raconterai mon expérience personnelle.

Origines et symbolique

As usual, il convient de commencer par décrypter le mot Temazcal. Il vient du nahuatl, une langue ancienne de Mésoamérique, et signifie “ maison de chaleur “ ou “maison de vapeur”. Utilisé depuis l’époque préhispanique par les peuples natifs d’Amérique centrale tels que les Mexicas (Aztèques) et les Mayas, le Temazcal servait de lieu de purification physique et spirituelle, mais pas seulement. Tout évènement est l’occasion de réunir sa communauté dans un Temazcal: anniversaire, mariage, divorce, décès, naissance, conflit, réconciliation… Il était également couramment utilisé après les batailles, les accouchements ou lors de rituels de guérison.

On distingue plusieurs sortes de Temazcal comme la loge sociale participative où tout le monde chante, où on peut se coucher, sortir et rentrer librement entre les différentes phases. Il y a la cérémonie rituelle stricte où personne ne parle, il faut rester assis et droit, si tu sors, c’est mort, c’est finito. Il y a aussi les loges thérapeutiques en vue de guérir un membre de la communauté. À chaque type de loge correspondent ses propres codes, us et coutumes. De nombreuses lignées différentes à travers le monde ont recours à cet outil qu’est la hutte de sudation, aussi appelée Inipi, Wikhegan ou encore Sauna et Hammam. Mais oui, bien sûr ! Logiiiiique. Aujourd'hui, comme pour beaucoup d’autres choses, on a perdu la connaissance et ce qui fut autrefois rituel est aujourd’hui devenu un simple acte mondain dénué de son sens sacré.

La structure du Temazcal en forme de dôme représente symboliquement le ventre maternel. Y entrer, c’est entreprendre un voyage introspectif, une mort symbolique suivie d’une renaissance. À l’intérieur, des pierres volcaniques chauffées de longues heures dans un feu sacré sont arrosées d’eau, parfois infusée d’herbes médicinales, créant une vapeur dense propice à la purification. Le tout est guidé au son du tambours et des chant du Temazcalero. Le Temazcal et son peuple n’ont pas oublié ses origines, c’est ouvertement un rituel de guérison physique et spirituelle. C’est aussi un outil pour renforcer son esprit et son endurance à l’effort et à l’inconfort. Ça te permet d’atteindre ce fameux état d’hormèse si propice à l’évolution intérieure.

Dans le Temazcal, le travail avec les esprits du feu et de l’eau est central et profondément symbolique. Le feu qui chauffe les pierres volcaniques (las abuelitas, les grand-mères), représente la transformation, la volonté, la purification et la connexion au soleil ; c’est notre grand-père, Abuelo Fuego, porteur de sagesse et d’énergie vitale, primordiale. Dans la cosmovision du peuple mexicas, tout comme dans les Veda de l’hindouisme ancien, dans le zoroastrisme ou encore chez les Incas, le feu est le premier élément. Plus proche de chez nous, chez les alchimistes, le feu est l’élément initiateur et rien ne se transforme sans lui. Enfin, on retrouve cette vision du feu auprès des philosophes grecs. Et le buisson ardent, on en parle ? L’eau, quant à elle, versée sur les pierres chaudes pour créer la vapeur, incarne la féminité, la fluidité, la guérison et le lien à la Terre-Mère ; elle enveloppe, adoucit, nettoie et nourrit. L’eau, c’est la Vie, l’interconnexion de tout être vivant sur notre sphère. L’eau connecte les glaciers et les océans et tout ce qui se trouve entre deux. L’eau connecte la terre et le ciel à travers la condensation, l’évaporation, la pluie. L’eau transporte la mémoire, l’information.

Lorsque ces deux éléments se rencontrent dans le ventre chaud du Temazcal, ils créent un espace alchimique où le corps, l’esprit et l’âme peuvent se libérer, se régénérer et renaître. Ce dialogue sacré entre le feu et l’eau guide les participants à travers un processus profond de purification et de reconnexion à soi et aux forces naturelles.

Bienfaits

  • Détoxification : la chaleur intense favorise l’élimination des toxines par la transpiration.

  • Stimulation du système immunitaire : la montée en température corporelle active les défenses naturelles.

  • Amélioration de la circulation sanguine : la chaleur dilate les vaisseaux, facilitant le flux sanguin.

  • Soulagement du stress : L’ambiance méditative et le rituel privilégient la relaxation mentale, le lâcher-prise.

  • Connexion spirituelle : le Temazcal est un espace sacré pour la prière, la méditation et la reconnexion à soi. C’est un espace d’UNtrospection, de retour au Centre.

Mon expérience

Aujourd’hui, les huttes de sudation sont encore très pratiquées dans de nombreuses variantes. C’est accessible, c’est un rituel que je trouve extrêmement beau dans son essence, sa simplicité, sa convivialité, mais également dans le challenge différent qu’il offre à chaque fois. Même si certains Temazcal sont plus “relax” que d’autres, il y a toujours un temps d’adaptation à l’ambiance et à la chaleur. Parfois, on est tellement bien qu’on peut chanter, parfois, on est un peu moins bien alors on chante à pleins poumons pour transcender l’inconfort. De temps en temps, on est vraiment dans le mal, replié en position fœtale, essayant de respirer au plus près du sol pour inhaler l’air le moins chaud du Temazcal. Ce qui est sûr, c’est que dans tous les cas, c’est un merveilleux outil de libération corporelle. J’en ai déjà parlé, mais beaucoup de thérapies se concentrent uniquement sur l’aspect “mental” des choses et occultent la dimension du corps.

Pourtant, celui-ci a une mémoire où y’a pas mal de trucs stockés. Donc, si t’as “travaillé” mentalement sur un sujet, c’est bien, mais à un moment, il va également falloir te libérer sur le plan corporel. Le Temazcal, ça en est un. Comme le breathwork, le yoga, la réflexologie, la thérapie des fascias, les massages, etc. Et c’est là que je trouve que ce rituel fait hyper fort, c’est qu’il connecte toutes les dimensions. Dans le Temazcal, on travaille autant dans la matière que dans l’invisible, contrairement à d’autres types de rituels où on va travailler depuis l’invisible pour influencer la matière. Ça marche aussi, c’est un autre chemin absolument valable, mais il faudra apporter de l’équilibre par une autre pratique pour ne pas rester perché et intégré.

C’est aussi un lieu qui me permet de me connecter à mes ancêtres d’une façon étonnante. Si avec l’Ayahuasca j’ai eu l’occasion d’aller faire un tour du côté de nombreux traumas familiaux, avec le Temazcal, c’est du côté de la force, des acquis et des leçons déjà intégrés par mon arbre familial que je passe la majorité de mes cérémonies, et je trouve ça merveilleux.

En résumé, pour moi, le Temazcal, c’est un espace de challenge, de libération, mais aussi d’expansion et de service. C’est ma nouvelle tradition adoptive, mon nouveau terrain d’apprentissage, ma ligne ancestrale d’initiation du moment. Je commence tout juste à tracer les ponts entre cette tradition et les différentes cosmogonies et genèses déjà étudiées, et c’est fantastique !

Et tu veux la meilleure ? Le tout se passe au bout du monde, dans une vallée de la merveilleuse Rainforest du Costa Rica, dans un sanctuaire de préservation des plantes médicinales et des savoirs ancestraux. Aurais-je pu trouver meilleur endroit étant donné la passion que j’éprouve envers ces deux sujets intimement liés ? I don’t think so…

Tout ça, je te le raconte dans un prochain article !

À tout bientôt,

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