Entretien avec un bébé médium et dangers de l’astral non-maîtrisé

Récemment, au Sanctuaire, nous avons accueillis un bébé médium. J’entends par-là que ce nouveau membre de ma tribu s’est tout fraichement découvert des capacités de médiumnité qu’il ne maîtrise pas encore vraiment. Et sans maîtrise, la porte est ouverte à toutes sortes de choses allant de la simple situation cocasse au vrai cauchemar. C’est de ça que je vais te parler aujourd’hui au travers d’une séance qu’on a faite ensemble, de ma propre compréhension de cette capacité, de ceux qui en usent et enfin d’une cérémonie avec la madrecita figurant désormais au palmarès des cérémonies les plus compliquées auxquelles j’ai assisté. Spoiler alert, je risque encore une fois d’égratigner quelques égos spirituels au passage, mais j’espère surtout faire passer un message. L’Astral, la médiumnité et canaliser, c’est merveilleux, mais dans de mauvaises mains, comme tout outil ou capacité, c’est dangereux. C’est dangereux pour toi (et ton entourage) si tu l’utilise mal, et c’est dangereux pour toi si tu vas consulter sans un minimum de discernement. Oui, encore lui, le DISCERNEMENT, ton allié capital dans les mondes invisibles.

T’es bien installé(e) ? C’est parti !

J’ai rencontré R. ici même, dans mon Sanctuaire de préservation des médecines sacrées et des savoirs ancestraux. Il est arrivé dans la communauté il y a quelques semaines et c’est moi qui lui ai fait passer son entretien avant son arrivée. Oui, on fait un entretien avant d’accueillir qui que ce soit, histoire de sentir la vibe, d'expliquer la vie au quotidien, de voir si la personne comprend bien notre travail et est prête à s’y investir avec la juste intention.

Étant donné qu’on affiche clairement le fait de travailler à préserver des Plantes Maîtresses et plantes médecines dont beaucoup sont sources de substances enthéogènes et utilisées lors de rituels, les gens pensent parfois qu’on est un centre de retraite ou qu’on organise des cérémonies. We don’t.

Non, aucune cérémonie publique ayant recours aux Plantes Maîtresses ou aux substances enthéogènes n’a lieu dans ce Sanctuaire, jamais.

Ici, nous préservons, propageons et prenons soin de ces plantes. Le gardien des lieux a fait un pacte avec ces Enseignants il y a plus de 10 ans, celui de ne jamais en faire commerce sous aucune forme. Et cette éthique de travail, on doit très souvent la rappeler aux personnes souhaitant nous rejoindre. C’est pas parce qu’on fait pousser qu’on consomme. C’est l’exact opposé. On fait pousser pour prendre soin, pour apprendre, pour donner, pas pour prendre.

Travailler avec ces plantes, c’est aussi implicitement faire de cet espace un espace ouvert sur l’invisible, où les Esprits, qu’ils soient de la nature ou d’ailleurs et les différentes dimensions de notre monde ne sont pas affaire de “est-ce que ça existe ou pas ?”, mais une certitude et une expérience quotidienne avec lesquelles nous travaillons. Et un espace comme celui-ci attire entre autres les ayahuasqueros autoproclamés, channel du dimanche et bébés chamans en tous genres. J’adore cette expression, bébé chaman, elle vient d’un des membres de ma communauté et a égratigné mon égo plus d’une fois.

Parce que oui, moi aussi j’ai été une bébé-chamane à un certain point, à penser que j’étais élue, à courir à droite et à gauche, proclamant toutes sortes de choses qui s’avèrent bien être réelles, mais qui, à un certain moment, n’étaient que des théories non expérimentées.

Alors oui, j’ai beaucoup de compassion pour mes frères et sœurs qui en sont à ce stade du chemin, un peu perdus entre différentes traditions, à la recherche d’un Maître afin d’être initié et de répondre à cet appel du Coeur qu’on ne peut ignorer. Particulièrement parce que je les sais vulnérables à ce stade. Se découvrir des capacités, surtout si on vient d’un milieu cartésien ou juste pas ouvert sur l’invisible, c’est bouleversant, ça déstructure. Et sans structure, on est perméable. À l’Enseignement certes, et c’est le but lorsque cela se produit. Mais vers qui ira-t-on chercher ces enseignements et ces initiations ? Voilà la véritable vulnérabilité. Sans discernement, déboussolé et en quête de réponses, on est une cible de choix, non seulement pour les faux-prophètes et gourous en tous genres, mais aussi pour les esprits peuplant cette chère dimension de l’Astral.

Mémo rapide, l’Astral, c’est toute la partie invisible de notre dimension. C’est comme un mille-feuille, y’a plusieurs couches, et selon ta vibration et ta maîtrise, tu vas aller te connecter à telle ou telle couche, et donc à ses “habitants”. C’est pas imperméable, certains esprits (comme nous) sont capables de voyager entre ces différentes strates. Certaines sont très proches de notre matière et d’autres plus éloignées. Les strates les plus denses, ou bas-astral, contiennent notamment les entités farceuses, les défunts pas contents (comme déjà expliqué dans cet article), ceux qui se nourrissent d’émotions denses comme la peur, la tristesse ou la colère, bref, nos frères de l’ombre. Car oui, ce sont aussi des frères et sœurs, même s’ils ne travaillent pas dans le même sens.

Dans les strates les plus hautes peuvent interagir des Êtres très lumineux, des guides, des défunts aussi, nos alliés, nos ancêtres. Nous sommes en constante interaction avec cet astral, que l’on en soit conscient ou pas. Beaucoup de personnes sont influencées par ce qu’il s’y passe sans même se rendre compte.

Voilà pour le très très bref résumé sur l’astral. Comme d’habitude, je t’invite à faire tes propres recherches et expériences, toujours armé(e) de ton discernement.

Revenons-en à notre médium en herbe. Il a de réelles capacités et un merveilleux fond. J’ai senti parfois à quel point son intention de développer ses compétences pour aider son prochain était sincère. Mais j’ai aussi senti que souvent, ça avait plus à voir avec l’égo, la recherche de validation et de pouvoir. Comme si ça partait d’un trauma, d’un besoin de reconnaissance et de contrôle.

À plusieurs reprises, il vient me voir en disant qu’il a reçu des messages pour moi. Je n’y ai jamais donné suite, car personnellement, j’ai du mal avec les personnes criant sur tous les toits leurs “dons” et proclamant “recevoir des messages” pour les autres. Je trouve cela mal placé et intrusif. De ma perception, c’est aux personnes désirant recevoir d’aller vers le “médium”, et pas l’inverse. Si un pseudo-médium vient te déballer un soi-disant message qu’il a reçu, fuit, car c’est une tentative de prise de pouvoir, consciente ou non. Et toi, par curiosité, tu vas donner ton pouvoir, ton énergie et ton attention lorsque tu écouteras ses paroles canalisée d’on ne sait où. Je vais préciser ma pensée. Je pense que la plupart de ces personnes canalisent vraiment, je n’en doute pas. Ce dont je doute, c’est de qui est canalisé.

Car oui, des bébé-médiums proclamant 10x par jour (et j’exagère à peine) “mes guides m’ont dit que…” j’en ai rencontré pas mal ici. Et crois-moi, c’étaient pas des guides qu’ils canalisaient. Oui, les esprits farceurs se faisant passer pour des guides, dans le bas astral, c’est monnaie courante. Le mécanisme est simple, dans le bas astral, les entités (ou esprits) se nourrissent de nos émotions fortes à vibration basses (tristesse, colère, honte, etc.) l’esprit farceur va alors se nourrir du sentiment de puissance que le médium dégagera, puis de l’émotionnel que toi tu vas dégager en recevant ton soi-disant message.

Un jour, cédant à la tentation de “vouloir tout savoir” et d’un passage émotionnellement compliqué, j’ai décidé de balancer mes principes et une partie de mon discernement en lui demandant de passer un appel sur la ligne de l’invisible, plus précisément à mon papa. Les circonstances étaient un peu bancales, je n'étais pas très centrée et emplie d’émotions plutôt négatives telles que la tristesse et la colère. Et là, le cocktail baby-chaman sans discernement a frappé

R. a bien reçu la visite d’un être prétendant être mon père, mais ce n’était pas lui. L’entité farceuse lui a communiqué un message qui, dans d’autres oreilles que les miennes, auraient pu avoir des conséquences dévastatrices. Avant même que R. ne me délivre le message, j’ai capté que c’était pas mon père qui était venu. Je l’ai senti, je le savais, car j’ai une certaine maîtrise des sensations de l’astral. Toute entité, tout message, toute parole porte une sorte de signature, de parfum, de sensation, c’est sa vibration. Tu commences à maîtriser l’astral du moment que tu es capable de reconnaitre à cette sensation d’où ton interlocuteur est issu. En affinant cette perception, tu es capable de détecter les farceurs se faisant passer pour d’autres. Et en affinant encore, tu es instantanément capable de savoir si une affirmation est juste ou non, un texte, un partage, une musique, n’importe quel support d’information. C’est ça, le discernement dont je te rebats sans cesse les oreilles avec.

Donc R., pas encore super au point sur ses perceptions de l’astral, est convaincu de la justesse du message reçu, or je sais que c’est impossible. Mais il n’en démord pas, il est dans une énergie de conviction, presque vindicative, il est clairement ébranlé par ma conviction. N’ayant nul besoin de prouver mon point sur le moment, surtout parce que je sens que tout lui sera révélé plus tard, je le remercie, remercie intérieurement le petit farceur qui s’est présenté en lieu et place de mon père et nous terminons la séance par une discussion sur tout et rien. Je ne suis pas déçue, je ne suis même pas étonnée. Je sais que ma curiosité ne sera pas étanchée, mais je suis reconnaissante, car je sens que cette expérience lui sera autant utile qu’à moi.

Lors de cette discussion, une nouvelle canalisation arrive à lui. Je reconnais immédiatement la présence, avant même qu’il ne commence à me décrire la forme sous laquelle cet esprit se présente. Là, on est sûr de juste. Ça se ressent même dans sa façon de parler, de décrire, de me partager le message. Ce n’est pas du tout ce que j’attendais, mais c’est ce dont j’avais besoin. Et la consultation se termine.

Quelques jours plus tard, je reviens avec lui sur cet entretien en lui exposant mon ressenti sur ses deux canalisations. Il n’en démord toujours pas, il est convaincu que c’était bien mon père qui était présent, malgré les divers arguments présentés. Je voulais vraiment que cette expérience lui serve à comprendre qu’il n’est pas maître de sa compétence, qu’il y a des ratés, mais que c’est normal. R. est plus obtus qu’une huitre dans sa caisse de bois. Une idée lumineuse me vient alors, lui montrer une photo de mon père. Silence.

R. Se rend compte qu’effectivement, ce n’est pas mon père qui est venu. Satisfaite d’avoir remis l’église au milieu du village, je le laisse tranquillement digérer l’égratignure causée à son égo.

Cette égratignure fut-elle suffisante pour laisser entrer la lumière ? Hélas, non, car R. est tourmenté par de nombreux esprits, comme nombre de bébés-médiums. À force de jouer à canaliser l’astral sans discernement, on finit par se faire coller par des entités pas super sympathiques, et cela, je le comprendrai plus tard lors d’une cérémonie avec l’Ayahuasca.

La psychose

J’ai aidé à donner de nombreux entretiens lorsque j’étais au service de l’Aya. On faisait ça pour être sûre que la personne était bien ancrée dans son quotidien, pas de contrindication médicale, pas de trouble psy, etc., car je te le rappelle, l’Aya, c’est vraiment pas pour tout le monde. Honnêtement, R. n’est pas une personne que j’aurai écartée pour une cérémonie. Bien qu’il était clair qu’il avait un égo très présent et des capacités non maîtrisée, il était pour moi un parfait candidat pour travailler avec la madrecita. Je pensais qu’elle l’aiderait à ouvrir ses perspectives, à comprendre sa capacité.

Lors de cette cérémonie, je n’étais pas au service, j’étais là juste pour moi. À vrai dire, jusqu’au jour même, je n’étais pas sûre d’y participer. Je considère que mes études avec cette médecine se sont terminées lorsque j’ai quitté le Brésil. J’ai un respect immense pour cette plante, je sais le travail qu’elle demande, les process qu’elle peut enclencher et tout ce qui suit. Elle fait partie des nombreuses plantes que l’on préserve ici au sanctuaire. J’ai donc médité avec elle pour savoir ce qui était juste, mais pas seulement, j’ai aussi consulté mon Maître intérieur, et c’était ok, j’y suis donc allée.

C’était une petite cérémonie, nous étions 4, le Maître de cérémonie, R., une autre femme de ma communauté et moi-même. Tout se passait “normalement” pendant ce qui m’a semblé être une trentaine de minutes. Puis R. est parti en fou-rire. D’expérience, je sais que les fou-rires en cérémonie sont le moyen de décharge des personnes ne s’autorisant pas à pleurer. Puis, il s’est levé et a quitté le cercle. Grave erreur.

Premièrement, sache que le cercle, qu’il soit autour d’un feu ou dans une pièce, c’est ton endroit de protection, ta safe-zone. Si ton Maître de cérémonie maîtrise correctement le cercle, rien n’entre, aucun esprit, si ce n’est celui de la plante et de l’Un. En dehors de ce cercle, tu n’es pas protégé. Deuxièmement, comprends bien quelque chose, l’Ayahuasca en tant que substance t’ouvre une porte. L’Ayahuasca, en tant qu’esprit, est supposée entrer par cette porte et faire son taff. Mais si t’es trop dans le contrôle, que ton égo est trop fort, l’Aya n’entrera pas dans la porte. Si tu restes dans le cercle et qu’il est correctement tenu, il ne se passera juste rien. Si tu sors du cercle, la porte grande ouverte appelle l’astral, et là, c’est pas cool.

R. ayant déjà des portes bien ouvertes quotidiennement, il est soudain devenu un aimant à esprits sombres. Ses capacités étant boostées par la médecine, son manque d’enracinement et son égo en acier trempé blindé ont rendu cette expérience cauchemardesque, et tu vas le voir.

Donc R. quitte le cercle, le Maître de cérémonie tente de le rappeler, mais il n’écoute pas. Il part en direction des toilettes malgré la proximité d’arbres et de buissons en tous genres à proximité du cercle.

Soudain, on entend hurler. Notre Maître de cérémonie étant en béquille, je me propose pour aller voir. Je sais, il ne faut pas sortir du cercle, mais moi, c’est différent. J’ai une bonne maîtrise de la plante, de ses process et de l’astral. En plus, la cérémonie est vraiment calme pour moi.

Je rejoins donc R. qui est en train de hurler. Il répète en boucle les 3-4 mêmes phrases. Lorsque je m’approche, j’aperçois dans ses yeux une lueur malsaine. Je ne comprends pas tout de suite à quoi j’ai affaire, mais je sais instinctivement qu’il vaut mieux suivre la scène de loin. Je décide alors de m’installer sur des escaliers, à quelques mètres de lui et de “superviser” la scène. J’entends par là, surveiller ce qu’il traverse, avec un regard bienveillant et plein d’amour, envoyant des impulsions de lumière.

Il continue ainsi plusieurs dizaines de minutes, les mêmes phrases, les mêmes hurlements. Il continue de répéter un nom, si bien que je finis par lui demander qui est cette personne, ce à quoi il me répond : « C'est mon frère, et je vais le tuer. » Ok, là, c'est la merde.

R. reste coincé très longtemps dans ce loop, bien trop longtemps. J’ai déjà vu en cérémonie des gens dans une boucle, mais ça n’a jamais duré plus de 10-15 minutes. À un moment, je comprends que s’il reste coincé, c’est parce qu’il ne laisse pas la place à l’Aya, il lutte, son égo est en pleine partie de catch avec sa conscience qui n’arrive pas à s’imposer. À ce moment, je comprends qu’il faut le ramener dans le cercle. Lorsque j’approche de lui, il tente de m’envoyer un coup de poing dans le visage. Heureusement, j’étais assez loin pour esquiver. Je m’éloigne tout en gardant le contact visuel, je le regarde bien dans les yeux, je soutiens son regard, je n’ai pas peur, je sais que je suis accompagnée et que je ne risque rien. Je le regarde avec défi et amour.

Mais R. n’est plus là. Il ne nous reconnait pas. Nous, car désormais, toute la cérémonie s’est déplacée pour lui porter soutien. Alors que le maître de cérémonie, toujours en béquille, tente une ultime fois de le ramener dans le cercle, il s’élance sur lui, coude en avant, tel un catcheur. Notre maître de cérémonie a juste le temps de le saisir afin de contrôler la chute. R. se débat, tente de le mordre jusqu’à ce que le maître de cérémonie le regarde droit dans les yeux et lui dise “Mon frère, je t’aime, pourquoi veux-tu me faire du mal ? Arrête, je t’aime, je ne veux pas te faire de mal”. La puissance de l’Amour contenue dans cette simple phrase a comme un effet de désactivation sur R. Il se calme instantanément.

On le pense alors sorti de sa boucle, qu’il est redescendu. Mais non, il repart de plus belle dans son process, toujours les mêmes phrases en boucle. Ça fait maintenant plusieurs heures que nous sommes dans cette situation. R. est désormais recroquevillé sur le sol, répétant toujours les mêmes phrases. Nous décidons donc de le laisser afin d’aller clôturer la cérémonie, ce qui, normalement, aurait dû terminer le processus.

Après la clôture, je retourne voir R. Il est toujours dans sa boucle, il hurle de frayeur à ma vue. Je décide alors de retourner sur mon perchoir et d’observer de loin. Au bout d’un moment, R. finit par se lever et aller sous la douche. Je l’entends vomir. Viva a cura.

Le lendemain, débrief obligé sur les évènements de la veille. Chacun a son avis sur ce qu’il s’est passé, tous sommes d’accord sur le fait qu’il n’était pas lui-même. Par ailleurs, nos expériences mutuelles confirment que ce genre de violence envers d’autres personnes en travaillant avec l’ayahuasca sont extrêmement rares. À titre personnel et avec un certain nombre de cérémonies à mon compteur, c’était la première fois que j’assistais à cela.

Mais alors, que s'est-il passé ?

À vrai dire, je n’ai aucune certitude, seulement de fortes présomptions dues à mes ressentis, à mes partages avec R. et à mon expérience. Pour moi, R., en tant que bébé-médium, joue un peu trop avec ses canalisations qu’il ne maîtrise pas. Son égo le convainc d’être toujours dans le juste. Son besoin de contrôle lui fait croire qu’il est constamment en maîtrise de son environnement et des courants qui le traversent. Mais R. se trompe. Et ses expériences du bas astral cumulées à la puissance de l’Ayahuasca et d’un émotionnel négligé ont donné le résultat que l’on connait, qui est une crise psychotique. Dans ma vision, mettre le « diagnostic » (oui, je ne suis pas médecin, donc on met des guillemets") de crise psychotique n’est absolument pas une opposition à ma vision animiste de la vie et de cette expérience. Intervention du bas astral, il y a eu et la crise en est l’un des symptômes.

Du côté de R., peu de mémoire de ce qu’il s’est passé. Il a un vague souvenir de s’être battu, sans pour autant pouvoir dire si cela relevait de la réalité ou d’une vision. R. nous a expliqué avoir démarré la cérémonie en douceur, mais qu’à un moment, il s’est mis à nous voir comme des reptiliens l’ayant piégé. Il fut alors plongé dans une série de visions d’horreur, tentant de nous échapper, mais chaque sortie était un nouveau piège de notre part. Il nous explique tout cela avec une logique minutieuse, comme si elle lui était implacable. Lorsque nous lui rapportons les détails extérieurs de sa cérémonie, il ne semble pas plus ébranlé que cela par ses actes, s’excuse envers les personnes agressées, mais je sens que cela ne vient pas du cœur, que c’est comme une injonction qu’il s’est lui-même fixée, car c’est ce qu’il faut faire.

Plus tard, il me confie qu’il ressent encore de la peur envers moi, que c’est comme s’il était encore imprégné de cette sensation. C’est normal, souvent l’impression majeure de la cérémonie reste avec nous encore quelques jours.

J’ai bien entendu pris le temps, avec son autorisation, d’expliquer à R. ma vision de cette expérience et a quel point il était désormais primordial qu’il comprenne qu’il n’a aucune maîtrise de sa capacité, qu’il doit s’exercer, qu’il travaille avec des entités dangereuses pour lui et son entourage, que son discernement n’est pas au point et que cette cérémonie en est la preuve. Avec tout l’Amour et la bienveillance dont je suis capable, mais aussi avec le ton grave que la situation exigeait. Je lui ai également très très très fortement conseillé de ne plus travailler avec les médecines enthéogènes avant d’avoir appris à contrôler les portes qu’il ouvre, mais également d’aller consulter quelqu’un pour l’aider à faire le point sur toutes les douleurs qu’il porte à l’intérieur.

Enfin, il lui a été dit qu’il fallait arrêter de proposer ses canalisations sauvages à tout va, car vu sa pratique, cela était dangereux pour la personne qui “recevait”. Je crois malheureusement que ça n’a pas eu grand effet. À son départ du Sanctuaire, son égo en acier trempé semblait avoir obtenu une couche supplémentaire. Il n’a jamais remis en question ses capacités ou la maîtrise qu’il en a. Au moment où j’écris ces lignes, il ne s’est pas encore écoulé une semaine depuis cette cérémonie, alors je sais que tout n’est pas encore perdu pour R. Et je sais aussi que le Grand Esprit (ou Dieu, le Grand architecte, Sibö, l’UN, la source…) a un plan pour nous tous, y compris pour lui.

Je te bassine tellement souvent avec le discernement que je trouvais important de partager cette histoire avec toi, car c'est une expérience directe et toute fraiche de ce que le manque de discernement peut générer en toi et autour de toi.

Enfin, pour laisser quelques lignes à cette merveilleuse médecine qu’est l’Ayahuasca, elle m’a apporté une fois de plus l’expérience nécessaire. Pourtant, je sens que je n’ai pas envie de travailler avec elle régulièrement comme j’ai pu le faire par le passé. Cette expérience me rappelle également que même avec la parfaite maîtrise d’une cérémonie et de sa tenue, tout peut arriver lorsque l’on travaille avec cette partie de l’invisible. L’Ayahuasca, plante Maîtresse, médecine ancestrale, esprit puissant et sacré dans de nombreuses traditions, reste néanmoins l’esprit d’une plante. On travaille avec ce que certaines traditions chamaniques appelleraient un esprit du monde du milieu, c'est-à-dire un esprit ayant un sens de la survie et étant très lié au monde matériel. Dans d’autres termes, ce que j’essaie d’exprimer ici, c’est que cette Plante Maitresse, aussi puissante et merveilleuse soit-elle, n’est pas un esprit des plans supérieurs. C’est avant tout une porte dans sa substance, puis un esprit que l’on canalise par cette porte et à qui l’on vient demander guérison, vision, éclaircie, enseignement, etc. Et les esprits du monde du milieu n’offrent rien sans échange. Je te laisse méditer là-dessus.

à tout bientôt !

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Saut de la Foi et vie d’après